Sud Ouest du 5/05/2010 : Leur choeur bat avec joie

Depuis 25 ans, Rodolfo Lahoz dirige une chorale étonnante. Les 120 chanteurs des Polyphonies ne donnent pas seulement de la voix. Ils créent des spectacles à grand succès. Les répétitions ont lieu Salle de réception du Pinsan. Lundi soir. La répétition laisse coi. 120 choristes français interprètent en espagnol des chants de Federico Garcia Lorca. Ils sont habillés en rouge et noir et préparent leur création de l’année, « Cantos de Andalucia », qui sera donnée deux fois ce week-end au théâtre Jean Vilar (1) avant de partir en tournée.

À la guitare et à la baguette, Rodolfo Lahoz. Le directeur de l’école municipale d’art de Parempuyre dirige les Polyphonies depuis plus de 25 ans. « C’est le premier travail que j’ai décroché quand je suis arrivé en France », raconte-t-il. C’était au milieu des années 80. L’Argentin de Mendoza chante depuis l’enfance. À l’âge de 15 ans, il dirigeait déjà une chorale. Par amour pour la peintre Anne d’Aressy, il l’a suivie dans son pays et n’en est jamais reparti.

Par son nombre de choristes, mais aussi de concerts donnés, l’association des Polyphonies d’Eysines est l’un des plus importants chœurs de la région. « Nous nous sommes tellement fondus dans le paysage local qu’on ne parle pas très souvent de nous », regrette la présidente Marie-Claire Prat.

Cette géographe, passionnée, elle, aussi d’Amérique du Sud, chante dans la formation depuis 1992. Son mari, Michel, vice-président, est l’un des rares chanteurs qui fait partie de la chorale depuis sa création en 1983. « Nous sommes un chœur dans un créneau peu courant, explique-t-il. Nous ne chantons ni des chansons françaises, ni du classique. Notre répertoire est celui des musiques du monde. »

« Il crée des miracles »Créneau original certes, mais difficile pour les choristes. Ils chantent en espagnol, allemand, grec, parfois même dans les langues locales d’Amérique du Sud. Le répertoire de ce continent avec un chef d’origine argentine est forcément souvent visité. « Rodolfo arrive à tirer le meilleur des personnes avec qui il travaille. Il opère des sortes de miracle », note Marie-Claire Prat. « La musique crée des liens. J’essaie de transmettre ma joie de chanter, répond l’intéressé. Mais je suis exigeant. »

Jamais le chœur n’a compté autant de choristes. « Pourtant certains s’en vont au bout de quelques séances quand ils voient la masse de travail personnel que cela demande », relève la présidente.

Pour les concerts, tous les textes doivent être connus par cœur. Les choristes ne se contentent pas de chanter. Ils sont costumés. Ils dansent parfois. Tous les ans, les Polyphonies créent un nouveau spectacle. Une exigence liée à une convention signée avec la municipalité d’Eysines.

Pour celle de cette année, la compagne du chef peindra pendant le concert, un danseur professionnel va également intervenir derrière et devant la toile. Des musiciens professionnels accompagneront le chœur. Les quatre heures de répétition hebdomadaires et toutes celles qui précèdent la création sont payantes. Le Pin Galant commande chaque année un spectacle aux Polyphonies. Le chœur est également demandé partout dans la région. « C’est une belle aventure, qui demande beaucoup d’investissement de chacun, souffle Marie-Claire Prat. Mais quel plaisir d’être heureux ensemble de cette façon ! »

(1) Samedi à 21 heures (complet), dimanche à 18 heures. Réservations au             05 56 55 18 38       ou             05 56 35 47 22       (12 et 6 euros).

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