Chef d’œuvre de Pablo Neruda et œuvre maîtresse de la poésie latino‑américaine de notre temps, le Chant Général fut écrit dans des circonstances politiques difficiles. Le 27 novembre 1947, Pablo Neruda dénonçait la dictature en publiant, dans « El Nacional » de Caracas, une Lettre intime pour être lue par des millions d’hommes et, le 6 janvier 1948, il prononçait devant le Sénat un discours qui fut reproduit sous le titre « J’accuse ». Le 3 février, La Cour Suprême le radiait de la liste des sénateurs et, deux jours plus tard, les tribunaux ordonnaient sa détention, l’obligeant à entrer dans la clandestinité.
C’est durant un peu plus d’un an de vie secrète, en changeant souvent de domicile et de zone de refuge, que Neruda composa le Chant Général. Prévu initialement comme un Chant au Chili, le projet prit vite des dimensions gigantesques pour constituer la somme poétique qui allait imposer au monde le génie de Pablo Neruda. Toute la passion de Pablo Neruda pour son peuple et son pays, toute sa rage de vivre, animent ce chant épique à la gloire du Chili :
« Les faits les plus obscurs de nos peuples doivent être brandis en pleine lumière. Nos plantes et nos fleurs, pour la première fois, doivent être contées et chantées. Nos volcans et nos rivières sont restées dans les espaces desséchés des textes. Que leur feu et leur fertilité soient livrés au monde par nos poètes ! Nous sommes les chroniqueurs d’une naissance retardée. »
Pablo Neruda (de son vrai nom Neftali Ricardo Reyes) est né en 1904. Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1971, alors qu’il était ambassadeur du gouvernement chilien de l’Unité populaire à Paris. Il est mort à Santiago du Chili le 23 septembre 1973, douze jours après le coup d’Etat militaire qui renversa le gouvernement de Salvador Allende, alors que sa maison avait été saccagée.
LA MUSIQUE
Dans ce tableau démesuré, dans cette exaltation grandiose, Mikis THEODORAKIS, grand compositeur populaire, a su faire passer toute la violence et l’humour, toute la tendresse et la force d’imprécation d’un lyrisme alliant les formes les plus raffinées aux tonalités les plus après, la simplicité la plus sobre et l’invective la plus mordante, et les cris les plus discordants à la mélodie la plus envoûtante. UN hommage émouvant aux « chants des peuples ».